Transférer sa ferme
Photo : Patrick Lachance, MAPAQ
Transférer sa ferme, par où commencer ?
Vous êtes propriétaires d'une entreprise agricole située au Bas-Saint-Laurent ? Vous songez transférer votre entreprise à une relève ?
Vous trouverez ici les ressources disponibles pour planifier et réussir ce transfert !
Accompagnement

Services offerts :
Accompagnement en transfert d’entreprise agricole, diagnostic, analyse fiscale, choix de la relève, plan de transition, etc.
- 431, rue des Artisans, bur. 200, Rimouski (Qc) G5M 1A4
- 581 805-4020
- crea.info@crea-estduquebec.ca
- www.crea-estduquebec.ca
Services offerts :
Mise en relation entre les agriculteurs cédants et les agriculteurs de la relève.
- Jonathan Gagné Lavoie
- 418 318-2560
- jonathan.bsl@arterre.ca
- Jean-Philippe Mainville
- 1-833 551-7651
- jean-philippe.bsl@arterre.ca
- www.arterre.ca
Financement

Services offerts :
Programme vendeur-prêteur conçu pour faciliter le financement des projets de transfert.
- 337, rue Moreault, bureau 2.10, Rimouski (Qc) G5L 1P4
- 418 727-3586
- 125, rue Jacques-Athanase, bureau 200 Rivière-du-Loup (Qc) G5R 5H2
- 418 867-1264
- www.fadq.qc.ca

Services offerts :
Aide financière permettant de couvrir certains frais pour des ressources liées à votre transfert.
- 337 Rue Moreault, local RC.04, Rimouski (Qc) G5L 1P4
- 418 722-7440
- bsl@agriconseils.qc.ca
- www.agriconseils.qc.ca
Documentation
Témoignages
« On veut donner cette chance à d’autres » - Ginette et Henri
On a repris la ferme à 20 ans. À 50 ans, notre corps nous donne des signes de fatigue. Faire la traite est de plus en plus exigeant physiquement. Et avec toute la paperasse qu’on doit remplir, notre motivation baisse. De plus, nos 3 enfants sont bien installés. Ils sont heureux dans leur métier. C’est certain que nous aurions été très contents que l’un d’eux choisisse l’agriculture, mais … Que la ferme se continue est notre plus grand souhait. Les parents d’Henri ont pu acquérir la ferme d’un producteur qui n’avait pas de relève familiale. À notre tour, on veut offrir cette chance à d’autres.
On a parlé avec d’autres producteurs qui ont transféré leur ferme pour se faire une idée de ce qui nous attendait. On s’est rendu compte que chaque situation est unique et que le scénario retenu n’était pas forcément celui envisagé au départ. Ceux qui étaient contents de leur transfert nous ont dit qu’il était important de garder confiance et d’être réaliste face aux choix qui s’offrent à nous. Ils ont ajouté : «transférer, c’est plus exigeant que démanteler, mais nous sommes fiers de voir la ferme se continuer».
Notre première action a été de s’informer. On a porté plus attention aux articles de revues où il y avait des témoignages de transfert. On a participé à des conférences portant sur le transfert. On a jasé avec notre comptable, nos partenaires financiers et nos conseillers. Tous étaient unanimes : «Dès maintenant, vous devez clarifier vos intentions, vos objectifs, vos délais. Identifier vos préoccupations, vos craintes. Préciser le profil de la relève que vous aimeriez avoir».
Nous avions plusieurs questions, en voici quelques-unes :
La résidence
Où allions-nous habiter ? Henri est né dans la maison de la ferme. Les voisins sont loin et on a une magnifique vue sur le fleuve. L’idée de quitter notre maison ne nous souriait pas tellement. Après plusieurs heures de discussions, nous sommes venus à la conclusion que pour faciliter le transfert, il serait préférable de quitter la maison. À partir de cela, on a été capable d’imaginer le projet d’une nouvelle maison et la possibilité de créer un nouveau milieu de vie.
Le prix de vente
On savait qu’on ne pouvait pas vendre la ferme à la valeur marchande, mais on ne voulait pas la donner non plus. On voulait un prix juste. Un prix qui répond à nos besoins tout en permettant à la relève d’arriver. Avec une équipe de conseillers, nous avons identifié trois options avec lesquelles nous étions à l’aise. On était ouvert à ce qu’une partie du prix de vente nous soit versée plus tard. Il paraît qu’il peut être possible d’obtenir une garantie de la Financière agricole du Québec pour le montant qu’il nous reste à recevoir.
Le type de transfert
Lors d’un transfert non apparenté, on nous dit qu’il est moins fréquent de faire de la cogestion avec les repreneurs et qu’en général la ferme est transférée en bloc. Mais à 50 ans, on se trouvait trop jeune pour tout arrêter. Intégrer graduellement une relève était notre idéal. Nous étions prêts à faire de la cogestion pendant environ 5 ans. Par la suite, on pensait continuer de travailler à la ferme selon les besoins des repreneurs.
Le délai
On s’est donné 2 ans pour trouver une relève. Ça nous permettait de commencer à nous faire à l’idée que la ferme ne serait plus dans la famille, de commencer à nous détacher sans nous désengager et d’imaginer notre vie quand nous ne serions plus agriculteurs. La ferme c’est toute notre vie. C’est difficile de se voir heureux ailleurs. On a choisi de se donner du temps tout en faisant savoir qu’on cherchait une relève.
La décision
Finalement, après 6 mois de réflexion et d’analyses, Ginette et moi en sommes venus à la conclusion qu’on avait notre relève sous les yeux et qu’on ne la voyait pas. En effet, notre nièce travaillait à temps partiel pour nous depuis trois ans. Elle avait exactement le profil que nous recherchions. Alors, un samedi soir, on l’a invitée à souper. On lui a partagé nos intentions. On a parlé de notre vision. On lui a mentionné qu’elle pourrait être notre relève. Candidement et avec beaucoup d’émotions, elle nous a avoué que c’était son rêve, mais qu’elle ne savait pas comment nous en parler.
La relève est souvent plus près de nous qu’on le pense!

« J’ai été surprise de voir que quelqu’un s’intéressait à mon entreprise » - Louise
J’ai mon entreprise depuis un peu plus de vingt ans. Toute jeune, j’étais passionnée par les fleurs. Quand ma mère me cherchait, elle me trouvait dans la rocaille ou le jardin.
Dernièrement, Mathilde, une cliente fidèle m’a demandé si j’avais de la relève. La question m’a vraiment surprise. Elle m’a dit être intéressée par mon entreprise. Elle la connaît bien et aime la qualité des produits et du service. Elle partage ces valeurs. En plus, elle a de l’expérience et une formation dans le domaine. Je ne m’étais jamais arrêtée à penser à ça. Vous savez quand le travail commande, ce n’est pas une priorité d’imaginer ce qu’on va faire après !!! Je lui ai dit que j’y réfléchirais.
La première chose que j’ai faite a été d’en parler à mon mari et à mes enfants. Nous n’avions jamais vraiment abordé le sujet ensemble. J’ai toujours pensé que les enfants n’étaient pas intéressés, mais je me devais de m’en assurer. Ils m’ont confirmé qu’ils étaient heureux dans leur métier et ne souhaitaient pas reprendre l’entreprise.
Tout d’abord, Mathilde et moi avons convenu que nous devions apprendre à nous connaître. Elle serait une employée pendant un an pour valider si ça pouvait fonctionner entre nous. Je savais que je voulais continuer encore au moins 5 ans comme gestionnaire. Nous étions d’accord qu’il nous fallait un plan d’action et nous faire accompagner était un incontournable. On ne savait pas qui contacter. Un voisin m’a dit d’appeler au Réseau Agriconseils, qu’eux pourraient me renseigner sur les services dans la région et que des subventions étaient aussi disponibles. Je me devais également de réfléchir si je voulais vraiment une relève ou si mon besoin était d’avoir tout simplement une employée de confiance. C’était important d’être honnête envers Mathilde.
Nous avons été étonnées d’apprendre que depuis 1996, dans la région, il y avait un service spécialisé en transfert d’entreprises agricoles. Ce que j’ai aimé de la conseillère en transfert, c’est qu’elle nous a aidés à préciser nos attentes, nos besoins, notre vision et en même temps, elle était comme un «chef d’orchestre». Elle nous a fait rencontrer les bons intervenants au bon moment. On a sauvé du temps et de l’argent!
J’ai réalisé qu’un transfert, ça ne se résumait pas simplement à un transfert d’actifs et à un prix de vente. Réussir mon transfert impliquait que je transmette mes connaissances à Mathilde et qu’elle développe ses compétences. Avec la conseillère en transfert, on a planifié les étapes et les échéances. Mathilde m’a dit un jour : « Heureusement que tu m’as fait confiance et donné accès aux livres. Ça m’a permis de me familiariser avec la gestion de l’entreprise et de proposer des changements. J’ai apprécié ton ouverture et ta capacité à t’adapter. C’est devenu clair pour moi que tu voulais vraiment la continuité de ton entreprise ».
Nous continuons notre processus. Mathilde est intégrée à 20%. Nous avons un plan et des ententes signées.

« Bernadette et moi, on n’avait pas la même vision du futur » - Gaston
Je me suis toujours dit que je prendrais ma retraite à 65 ans. À 61 ans, j’ai réalisé que ça s’en venait trop vite! Mon épouse Bernadette et moi, on a travaillé pas mal fort sur la ferme. J’serais vraiment content que ça continue, mais Bernadette en est moins convaincue. Elle veut profiter de la vie. Faire des choses qu’on n’a pas eu le temps ou les moyens de faire. J’suis d’accord avec elle, mais pour moi la continuité de la ferme, ça me tient vraiment à coeur. Transférer, c’est un ben beau projet, mais …
Comme Bernadette et moi, on n’avait pas la même vision du futur, il fallait savoir avant d’aller trop loin si la ferme était transférable. Le conseiller en gestion nous a rassurés. Notre ferme était transférable. Ça pourrait être encore mieux en faisant quelques améliorations. Avec l’aide de la conseillère en transfert, on a précisé ce qu’on voulait et ce qu’on ne voulait pas. On a travaillé avec une équipe de conseillers (conseillers en transfert, en gestion, en financement et fiscaliste). Ils appellent ça une équipe multidisciplinaire. Ça nous a tellement aidés. On s’est entendu sur deux ou trois scénarios qui pourraient être analysés. On était prêt à faire un bout’e pour que notre ferme continue. Bernadette était d’accord. On pourrait voyager.
À 65 ans, on a transféré la ferme. Je ne vais plus à l’étable. Le travail aux champs, j’ai toujours aimé ça. Comme la relation avec les acquéreurs est très bonne, je suis devenu un employé saisonnier de «ma» ferme. On voit la ferme prospérer, la relève travaille fort. On est confiant. On est ben content ! On planifie notre premier voyage!

« Nous avons été accompagnés dans toutes nos décisions » - Richard
Je suis associé avec ma conjointe. Au départ, l’impôt nous tracassait un brin. On s’était fait dire par d’autres producteurs que ça coûtait une «beurrée». Il y a deux ans, quand notre comptable nous a remis nos états financiers, on lui a dit qu’on regardait pour intégrer deux enfants à la ferme. Il nous a expliqué en gros comment ça pourrait se faire. L’aspect fiscal c’est important, mais un transfert ne se résume pas à cet aspect. Pour nous donner une réponse satisfaisante, il fallait savoir ce que l’on voulait. Il nous a mis en contact avec un agronome en gestion et un conseiller en transfert.
Un transfert familial peut paraître plus facile. Il est vrai qu’on n’a pas à chercher de relève. Par contre, comme on se connaît, oublier les erreurs du passé demande un peu plus d’efforts. Aussi, il y a le souci des autres enfants. Être équitable, ce n’est pas évident. On veut tous les aider et on ne veut surtout pas de chicane.
Connaître le présent pour préciser le futur
Le conseiller en gestion a fait un diagnostic de notre entreprise ainsi que l’évaluation à la valeur marchande. Ça nous a été utile, car les jeunes avaient moins l’habitude de regarder les chiffres.
Ce n’est pas souvent dans notre vie qu’on fait un transfert. On ne sait pas trop comment faire cela. Le conseiller en transfert est là pour cela. Il nous guide pour qu’on pose les bonnes actions au bon moment et qu’on prenne nos décisions pour les bonnes raisons. À quatre, vous savez, on n’a pas tous la même vision. On s’entendait sur la finalité et on était en désaccord sur le chemin à prendre pour y arriver. C’est avec le support du conseiller en transfert et du conseiller en gestion qu’on a réussi à préciser ce qu’on voulait.
Prendre le temps
Les jeunes avaient très peu travaillé ensemble. On voulait qu’ils travaillent au moins un an à la ferme avant de faire un transfert de parts. Ce n’est pas à cause de l’impôt, car le fiscaliste nous a présenté un bon scénario et on aurait pu intégrer les deux enfants tout de suite. Le succès de notre transfert passait par une équipe forte d’où l’importance qu’on travaille ensemble. À partir de là, les jeunes ont été impliqués dans toutes les discussions et décisions. Ils étaient présents quand on rencontrait nos partenaires financiers, le comptable ou tout autre conseiller.
Se préparer
Ce n’est pas évident de fixer un prix de vente. On voulait avoir assez d’argent pour vivre sans mettre les jeunes dans la misère. Avec notre planificateur financier, on a estimé nos besoins à la retraite. À vrai dire, ce ne sera pas vraiment une retraite, car on va toujours donner un coup de main à la ferme. Mais comme on va changer de maison dans trois ans, qu’on a deux autres enfants et qu’il y a des projets pour la ferme; c’était important qu’on le précise. Avec nos conseillers, on a évalué si tout ce qu’on voulait était réalisable. Le conseiller en gestion a fait quelques versions de budget. C’est plus facile de faire des modifications sur papier …
Trouver du temps pour se parler
C’est surprenant pareil. On pense que les jeunes connaissent bien l’entreprise et qu’ils savent ce qu’il y a faire. Ce n’est pas le cas. Coaché par notre conseiller en transfert, on a instauré nos rencontres du lundi pour planifier notre semaine. Au début, ça ne nous tentait pas tellement. Mais notre p’tite demi-heure du lundi nous a fait sauver bien du temps et épargner beaucoup de malentendus.
Un bout de chemin de fait
Les jeunes ont des parts depuis deux ans. Ils ont eu droit, entre autres, à la prime à l’établissement de la Financière agricole du Québec. On gère ensemble, tous les quatre, pour quelques années encore. Notre transfert est planifié. On a un plan. On a également revu nos assurances vie et invalidités. On a une convention d’actionnaires ainsi que nos testaments et nos mandats en cas d’inaptitude. C’est rassurant !

Historique
Issu du Comité relève agricole, le projet TRANSFÉRER SA FERME vise à amener les producteurs et les productrices à s’informer au sujet des options et des ressources offertes afin d’éviter un démantèlement. Au Bas-Saint-Laurent, près du tiers des entreprises agricoles sont à risque de démantèlement par manque de relève identifiée.
Lancée à l’hiver 2019, la première phase du projet a permis de rejoindre plusieurs entreprises et intervenants en contact avec les propriétaires d’entreprises agricoles. Voici quelques impacts positifs obtenus suite à la réalisation de la première phase du projet :
- Suite aux sondages téléphoniques réalisés par le MAPAQ, 245 entreprises ont mentionné être intéressées à une rencontre de groupe sur le transfert non apparenté.
- Au total, 92 entreprises ont participé à une rencontre sur le transfert non apparenté. Une rencontre a eu lieu dans chacune des 8 MRC du Bas-Saint-Laurent.
- 77 intervenants ont participé à l’une des cinq rencontres de sensibilisation sur le transfert non apparenté pour les acteurs bioalimentaires. L’objectif des rencontres était de sensibiliser les intervenants à l’enjeu et les inviter à devenir des ambassadeurs des outils TRANSFÉRER SA FERME.